Mannheim n’est pas la ville allemande la plus facile à appréhender. Située à env. 1h30 de Strasbourg et 20 min d’Heidelberg, le contraste entre les deux villes est assez saisissant : Heidelberg la romantique, la pittoresque, la touristique et Mannheim l’industrielle, la grise. Non, ne partez pas tout de suite.
Je n’y avais jamais posé le pied jusque-là. Après les petites recherches en amont, je m’y suis rendue en train en un peu de moins de 2h, fraichement munie de mon Deutschland Ticket. Un arrêt rapide à l’Office du Tourisme puis direction le centre-ville à pieds en à peine dix minutes. La première impression, je l’avoue, a été assez décevante. Pas de centre historique, pas de vieux bâtiments, pas de jolis coffee-shops, les rues de Little Istanbul (le quartier turc) jonchées de détritus, du béton, des allées commerçantes, bref une ville un peu terne voire ingrate et sans charme(s). Mannheim a été détruite presque entièrement pendant la guerre et reconstruite rapidement après le conflit mondial. Vous êtes toujours là ?
La particularité de Mannheim c’est son centre-ville circulaire et construit en échiquier sur le modèle de New-York ou Amsterdam. Des petits carrés appelés Quadrat (carré), d’où le surnom de Quadratestadt (ville échiquier) qu’on lui attribue. Ici, pas de noms de rue mais des lettres et des numéros qui donnent l’impression de livrer une partie de bataille navale. Mannheim, touchée coulée ?
On peut partir avec une légère appréhension, celle de ne pas se repérer ou de s’y perdre. Au final, le secteur se quadrille assez facilement et les distances sont assez courtes, on peut facilement faire le tour à pieds. Et pas d’inquiétude, cette topologie est reconnue par Google maps. L’hyper-centre est encerclé par des Rings, en gros le périphérique. C’est aussi une ville d’eau, elle est traversée par la rivière Neckar et par le Rhin, fleuve-frontière avec le Land de la Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz).
Cette première fois à Mannheim a été presque exclusivement consacrée à un safari street-art. C’est l’art urbain qui depuis une dizaine d’année fait rayonner la ville. En 2013, le duo de street-artistes berlinois HERAKUT a jeté une bombe de peinture à la mer. À la recherche d’une surface leur permettant de démarrer un projet de livre grand format, ils recouvrent (avec le soutien financier de la ville) de leur fresque intitulée „My Superhero Power is Forgiveness“ un bâtiment disponible à l’époque et marquent le point de départ de l’aventure. Partenaires, élus, artistes, habitants, la fresque suscite l’enthousiasme général. S’en suit une seconde en 2014 „Modern Thinker“ par le street-artiste russe Dimitri ASKE.
Depuis, plus d’une trentaine d’œuvres grand format ont recouvert les façades de la ville et apportent de la couleur dans toute cette grisaille urbaine. Mannheim s’est transformée en véritable musée d’art urbain en plein air, l’Open Urban Art Museum Mannheim ou Stadt.Wand.Kunst (ville, mur, art) est né et confère en même temps un cadre légal au projet. La ville sert aujourd’hui de toile aux graffeurs, street artistes locaux ou internationaux et le catalogue des œuvres s’agrandit chaque année. La ville organise également des visites guidées, les Stadt.Wand.Kunst Tours pour une dizaine d’Euros. Mais vous pouvez faire le circuit en toute autonomie. Les Murals (fresques murales) sont réparties dans le centre-ville et dans le quartier de Neckarstadt-West. Celles qui font parties du projet sont marquées d’une plaque avec un QR code. La map et les œuvres du projet Stadt.Wand.Kunst peuvent consultées en ligne.
Mais la scène artistique ne résume pas à Stadt.Wand.Kunst. Les œuvres prolifèrent dans d’autres quartiers. Pour partir à la recherche des œuvres dans une grande ville, j’utilise l’appli qui permet de les localiser : street art cities.
La première impression n’est pas toujours la bonne et il faut laisser sa chance au produit. En résumé, Mannheim n’est pas la ville la plus sexy du Bade-Wurtemberg c’est certain, mais elle a sûrement plus offrir que ce qu’elle laisse paraître. Il faut s’aventurer hors du centre-ville pour découvrir ses atouts et j’ai trouvé quelques pistes d’explorations intéressantes. J’y retournerai donc pour une seconde enquête, pour compléter cet article par les points d’intérêt incontournables et la food natürlich !
Au départ de France : de Strasbourg, env. 1h30
Au départ d'Allemagne : Offenburg > Karlsruhe, puis Karlsruhe > Mannheim (S3 ou S9)
Avec le tram D jusqu'à la gare de Kehl puis en train. Kehl > Appensweier > Karlsruhe > Mannheim
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