Visiter Stuttgart en trois jours

Capitale du Bade-Wurtemberg et de la Maultasche (ravioles), fief de Mercedes-Benz et Porsche, celle que les habitants surnomme « Kessel» parce qu’elle forme une cuvette, Stuttgart est la sixième plus grande métropole d’Allemagne avec près de 630 000 habitants. Un peu toisée par les autres Länder, elle rime parfois avec chantiers et bouchons. Conclusion après trois jours : Stuttgart aura bien besoin d’une deuxième chance de faire une bonne première impression.

Stuttgart, premières impressions.

En arrivant, petite pointe de déception. Je m’attendais à trouver un centre historique avec des façades pittoresques. Fail. Fortement endommagée pendant la guerre, Stuttgart est une ville récente mais quelques beaux édifices ont été reconstruits. Je me suis surprise à préférer le nouveau quartier de l’Europaviertel, ses bâtiments contemporains, ses tours futuristes façon La City qui poussent depuis les années 2000, au centre-ville un peu ingrat.

Cerise sur la Forêt-Noire, la ville était à cette période un chantier monumental sur lequel on tombe nez-à-nez dès la sortie de la gare, en pleine reconstruction. La douce mélodie des marteaux-piqueurs pour vous accueillir. S’il n’y avait eu que la gare…Double fail.

Sans compter la nature encore relativement endormie – les seules chenilles en vue, des Caterpillar et le seul ballet, celui des grues – et les autochtones groggys par la grisaille et l’humidité. Jackpot.

En même temps quand on débarque mi-mars en plein milieu de semaine, fallait-il espérer plus ? Il y a sûrement un feu qui brûle sous la glace de Stuttgart mais un deuxième séjour sera nécessaire pour m’y réchauffer. Et pour vous présenter Stuttgart sous son meilleur jour il a fallu ouvrir l’œil et ruser un peu.

Bien qu’à deux heures de route de Strasbourg en voiture, j’ai choisi l’option ferroviaire pour ce petit safari urbain à Stuttgart, plus économique et plus reposante…En voyageant pour 40€ A-R avec la DB au départ d’Offenburg, et même en incluant le parking pour trois jours (15€) le tarif était bien plus intéressant qu’avec la SNCF.

Sur place, j’ai été surprise par les relatives petites distances. Le centre-ville, où sont concentrés les principaux bâtiments et monuments historiques peut se parcourir à pieds, même si j’ai préféré les épargner en empruntant de temps à autre le métro /avec à ma Tageskarte (ticket de métro à la journée).

Stuttg-ART, quand gris souris rime avec galeries

Parce qu’en plus, la météo n’était pas non plus folichonne. Les musées (et les cafés !) sont toujours une bonne solution de repli. Et parce que le programme de ces trois jours était tout de même ambitieux, entre le Kunstmuseum (Musée d’Art Moderne et Contemporain) et la Staatsgalerie j’ai dû trancher.

Staatsgalerie

La Staatsgalerie regroupe en réalité deux musées, la Alte Staatsgalerie, le bâtiment d’origine et son extension, la Neue Staatsgalerie, qui date de 1984 et l’œuvre de l’anglais James Stirling. Elle est reconnaissable à sa tuyauterie bicolore rose et bleue et à l’imposante baie vitrée verte aux faux airs de soucoupe volante (lorsqu’elle n’est pas planquée par les travaux).

La Staatsgalerie, c’est une impressionnante collection permanente – 5500 pièces – d’œuvres picturales (peintures, dessins, aquarelles, photos…) mais également de sculptures du 14^ème jusqu’au 21^ème siècle. Les œuvres sont réparties chronologiquement dans le double musée : à l’étage, l’Alte Staatgalerie couvre la période du 14^ème au 19^ème,avec une aile dédiée à la peinture italienne (1300-1800) suivie par la peinture européenne (1750-1900). Le rez-de-chaussée se concentre sur la peinture germanique (1300-1550) et la peinture flamande et hollandaise (1480-1700).

Le bâtiment Stirling quant à lui, se consacre intégralement à l’art moderne et contemporain de 1900 à 1990, my personal favorite…Tous les mouvements picturaux sont représentés (expressionisme, cubisme, nouvelle objectivité…) avec de grands noms tels Léger, Braque, Picasso, Dali, Pollock, Arp, Modigliani, Monet, Renoir, Macke, Klee, Beckmann, Dix…pour ne citer qu’eux. Ça tombe sous le sens mais la Staatgalerie abrite bien évidemment des expositions temporaires. Si le temps est maussade, que vous êtes sensible à la peinture, ça vaut bien le coup de s’y perdre quelques heures…

Mercedes-Benz Museum

Berceau de l’automobile, il aurait été dommage de quitter Stuttgart sans visiter au moins un des musées dédiés. Le musée Porsche étant plus excentré, j’ai opté pour le musée Mercedes. Dans un bâtiment futuriste de 34m2, le Mercedes-Benz Museum retrace sur 9 étages l’évolution de la marque au cours de l’histoire, ses innovations et avancées technologiques – de 1886 à aujourd’hui – et la descente se fait dans l’ordre chronologique. Qu’on soit fan d’automobiles ou non, le musée ne laisse pas de marbre. Pour une visite plus complète du Musée Mercedes, j’ai prévu un article dédié.

Stuttgart by night

Parce que Stuttgart by day, c’était quand même un peu raté ! Pour résumer : un gigantesque chantier à ciel ouvert. La gare est un quartier qui sort de terre. Stuttgart a visiblement d’ambitieux projets. Entre gravats, marteaux-piqueurs, pelles, grues, pas un monument qui ne soit épargné par ce lifting printanier. Pas une église ou une fontaine qui ne soit encerclée ou recouverte d’un vilain filet. Pas une déviation qui ne vous éloigne de votre destination. Bref, à peu près tous les lieux d’intérêts que j’avais épinglé sur ma Google map ternis par un échafaudage ou une bâche. Un peu trop de travail photoshop en perspective, j’étais crevée d’avance. La nuit, tous les chats sont gris. Et l’éclairage nocturne bien plus flatteur. Petite balade dans Stuttgart by night.

Stadtbibliothek (bibliothèque universitaire)

Autrement dit, le bâtiment le plus instagramable de la ville, on comprend vite pourquoi. Gris le jour, bleu la nuit, cet imposant cube de verre se trouve sur la Mailänder Platz à deux pas ou presque de la gare, dans un quartier récent et animé, l’Europaviertel. Inaugurée en 2011, c’est l’œuvre de l’architecte coréen Eun Young Yi. Que dire sinon éblouissant, ultra-moderne, minimaliste. L’intérieur l’est tout autant, baigné de lumière en journée grâce à la verrière, d’une sobriété et d’une blancheur immaculée. Rampes, escaliers, étagères c’est un monochrome de Whiteman (vous avez la ref ?). Les ouvrages y sont répartis sur 8 étages. A part le bruit d’un déclencheur de temps à autre, l’ambiance est quasi monacale. C’est un bâtiment d’études, vous êtes donc priés de respecter la quiétude du lieu. Le Starbucks est en face…

L'Europaviertel

Quelques mètres plus loin et toujours dans l’Europaviertel, la silhouette élancée de la Tour de verre de la banque du Bade-Wurtemberg LBBW (architectes Wöhr/Mieslinger).

Staatstheather

Avec son perron et ses jolies colonnes classiques, le Staatstheater (Théâtre de l’Opéra), construit entre 1909 et 1912 par Max Littman.

Kunstmuseum

Entouré par les édifices plus classiques du centre-ville, un autre cube de verre fait partie des bâtiments emblématiques de la ville, le Kunstmuseum, le Musée des Beaux-Arts. Il renferme des œuvres modernes et contemporaines, dont la collection Otto Dix (expressionisme/nouvelle objectivité). Le café-restaurant Cube offre une vue panoramique sur la ville.

Stuttgart-chitecture

La Cité du Weissenhof (Weissenhof Siedlung)

Située sur la colline du Killesberg et à env. 10 min de la gare en tram se trouve la cité du Weissenhof, un ensemble de 21 maisons (dont 11 encore habitées) à l’architecture sobre et épurée. En 1927, dans le cadre d’une expo architecturale, Stuttgart développe un programme d’habitation pour les citadins des grandes villes. Un projet orchestré par la crème des architectes de l’époque (Van der Rohe en chef du projet, Le Corbusier, Gropius – fondateur de l’école du Bauhaus – entre autres), 17 au total et chacun d’entre eux a signé sa maison (voire plusieurs) en respectant la contrainte, le toit en terrasse. La maison Le Corbusier est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2016. Pour les amateurs d’archi.

China Garten (Jardin chinois)

Il me restait deux heures à tuer avant le retour, je me suis concentrée sur le périmètre proche de la gare. J’avais repéré ce spot sur un blog. Quand j’ai vu l’escalier et la centaine de marches se dresser devant moi, j’ai bien failli faire demi-tour. J’étais sacrément motivée ce jour-là et mes mollets s’en souviennent encore. C’est mignon et sûrement très chouette avec une bière au coucher du soleil – la vue sur la ville est quand même bien sympa – mais un peu déceptif car tout petit. La faute à Google map qui m’a vendu une vaste étendue verte. A faire si vraiment vous avez du temps et envie de perdre quelques calories.

Street Art à Stuttgart

Une fois n’est pas coutume, après la phase de repérage préalable, je suis partie à la pêche aux spots street-art. Liste non exhaustive, j’ai l’intention de revenir pour étoffer la galerie.

Au centre-ville, les 2 colonnes de la Paulinenbrücke sont l’œuvre des artistes Jack Lack et Dingo Babusch.

Graffiti Haus

Au numéro 64 de la Schlossstrasse se trouve la Graffiti Haus. Fan d’art urbain et pour soutenir le mouvement, la promoteur de l’immeuble a lancé en 2015 un appel à projet auprès de street artistes pour recouvrir intégralement l’immeuble de fresques. Avec l’idée de faire germer une graine et provoquer un effet domino (Artistes Frederic Merkt & Daniel Schmieder).

Hall of Fame

Plus au nord, la Hall of Fame à Bad Canstatt, c’est le terrain de jeu des street artists qui peuvent se défouler légalement. Les œuvres ont par définition une durée de vie limitée, renouvellement permanent ! Il suffit de sortir de la S-Bahn (arrêt Mercedes-Strasse) et de descendre l’escalier qui mène sous le pont König-Karl-Brücke qui enjambe la Neckar.